La rétention des talents en informatique

La rétention des talents est cruciale, notamment dans l’informatique. La forte demande de profils techniques et des marchés mondiaux dynamiques entraînent une pénurie de compétences dans le secteur technologique. Les entreprises souffrent de difficultés à fidéliser leurs propres talents. Pourtant, elles paient le prix fort de cette impuissance à retenir leurs équipes stars.

Selon une étude de KPMG, le coût d’un départ peut représenter entre 100% et 200% du salaire de l’employé perdu. Cela inclut la perte de productivité, les coûts de recrutement pour pourvoir le poste vacant et la formation du remplaçant. Dans un contexte de pénurie de profils qualifiés, les départs coûtent cher et les opportunités sont rares à trouver.

La rétention des talents devient ainsi un des leviers de compétitivité les plus importants pour les entreprises, surtout technologiques.

Cet article explore les défis de la rétention des talents et propose des stratégies clés pour les entreprises. Comment répondre aux besoins d’évolution des employés ? Comment créer des environnements et une culture performante ? Quelles rémunérations et avantages sociaux proposer ? Autant de questions auxquelles des solutions doivent être apportées. Les départs volontaires ne sont pas une fatalité.

I. L’attrait initial du secteur informatique

Le secteur des technologies de l’information connait une forte croissance depuis plusieurs années. Avec l’avènement du numérique dans tous les domaines économiques, les besoins en compétences informatiques n’ont jamais été aussi importants. Cette demande soutenue crée un marché de l’emploi des plus dynamiques.

Selon le Bureau of Labor Statistics américain, les métiers de l’informatique devraient croître de 22% dans la décennie 2020. Les postes en cybersécurité, développement logiciel, science des données, intelligence artificielle ou cloud computing sont parmi les plus recherchés.

Cette guerre des talents se traduit par des incitatifs financiers de plus en plus alléchants pour attirer les profils rares. Salaires en hausse, primes à la signature, stock options, conciergerie, crèches d’entreprise… toutes les stratégies sont mises en œuvre pour séduire les stars de la tech. Mais une fois embauchés, comment les retenir dans un contexte hautement compétitif entre les sociétés IT ? Car ces talents n’hésitent pas à saisir de meilleures opportunités lorsqu’elles se présentent.

II. Répondre aux besoins d’évolution de carrière

Dans un secteur technologique en évolution constante, les talents IT cherchent des opportunités pour développer leurs compétences. Mais avec la digitalisation de l’économie, les domaines émergents (IA, cybersécurité, blockchain…) modifient rapidement le paysage des expertises recherchées.

Selon une enquête LinkedIn, 94% des professionnels de la tech estiment crucial l’apprentissage de nouvelles compétences au travail. Pourtant, seuls 55% jugent que leur entreprise répond à leurs attentes en matière de développement des compétences. Un fossé important existe entre les besoins des employés et l’accompagnement proposé.

Pour fidéliser les experts en forte demande, une stratégie de rétention doit offrir des perspectives d’évolution motivantes. Les approches suivantes sont particulièrement appréciées :

  • Formations certifiantes aux technologies de pointe (cloud, cybersécurité…)
  • Parcours de développement personnalisés et mentorat par des experts internes 
  • Implication dans des projets innovants mobilisant de nouvelles compétences
  • Job rotation pour découvrir différents métiers au sein de l’entreprise
  • Conférences et séminaires pour se tenir à jour des dernières tendances

En favorisant le développement des compétences, les entreprises stimulent l’engagement des talents en répondant à leur besoin d’apprentissage continu.

III. Les défis concrets de rétention des talents

La pression pour rester à jour des dernières tendances technologiques pousse les employés vers de nouveaux défis où ils pourront élargir leurs compétences. La multiplication des startups offrant des opportunités dans des domaines novateurs attire également les talents. Enfin, le nomadisme professionnel qui caractérise cette génération conduit à des départs vers de nouveaux horizons.

Outre les coûts directs du roulement de personnel, cette valse des talents entraîne des pertes de productivité liées aux postes vacants et à la formation des nouvelles recrues. Le transfert de connaissances et la mémoire de l’entreprise s’en ressentent également.

Avec les progrès exponentiels des technologies, l’obsolescence des compétences guette les professionnels de l’informatique. Selon le magazine Wired, un développeur doit actualiser ses connaissances tous les 12 à 18 mois pour rester employable. D’où l’importance cruciale de la formation continue pour contrer cette obsolescence. Les talents attendent de leurs employeurs des efforts soutenus en matière d’apprentissage pour rester à niveau.

La pénurie de talents sur le marché incite les entreprises à multiplier les offres financièrement attractives pour attirer les profils recherchés. Salaires mirobolants, primes exceptionnelles, avantages en tout genre… Ces stratégies agressives déstabilisent les politiques de rétention des entreprises, qui doivent redoubler de créativité pour garder leurs équipes. Au-delà des aspects pécuniaires, l’accent doit être mis sur la culture d’entreprise et les opportunités d’épanouissement personnel pour contrer l’appel des sirènes.

IV. Moderniser le management

Le style de management joue un rôle central dans la rétention des talents, surtout dans le secteur des hautes technologies. La génération actuelle, qui constitue une part grandissante de la main d’œuvre, attend un environnement de travail stimulant, collaboratif et épanouissant.

Styles de management adaptés

Les structures hiérarchiques rigides et le commandement de type militaire ne fonctionnent plus avec ces profils. Un management basé sur l’autonomie, la responsabilisation des équipes et la valorisation des initiatives individuelles s’impose. Le rôle du manager est davantage celui d’un coach qui fixe un cap et accompagne ses collaborateurs vers l’atteinte d’objectifs ambitieux.

Collaboration, autonomie, prise d’initiatives

En favorisant le travail collaboratif, les entreprises renforcent à la fois la cohésion des équipes et le sentiment d’appartenance. L’autonomie accordée aux talents, notamment dans l’organisation de leur travail, répond à leur besoin d’indépendance. Quant à la valorisation des idées et des innovations issues du terrain, elle stimule la créativité et l’implication sur le long terme.

Ces nouveaux modes de management, plus agiles et décentralisés, correspondent aux attentes des nouvelles générations. Ils sont indispensables pour fidéliser les talents dans un environnement technologique en perpétuelle disruption.

V. L’environnement et la culture de travail

La culture d’entreprise, soit l’ensemble des valeurs, croyances et comportements partagés au sein de l’organisation, est déterminante pour retenir les talents. Dans un secteur technologique fondé sur le partage des connaissances et l’intelligence collective, une culture stimulante et inclusive est primordiale.

Une enquête menée par CultureIQ révèle que 32% des professionnels de la tech citent la culture d’entreprise comme raison principale pour rester dans leur poste actuel. Les jeunes générations recherchent des environnements de travail qui reflètent leurs aspirations sociétales, avec une prédominance des notions de bien-être, d’épanouissement personnel et de quête de sens.

La conciliation travail-vie personnelle est l’une des premières préoccupations des talents, surtout de la génération Y. Cet équilibre passe notamment par une certaine flexibilité des modalités de travail.

Flexibilité : Face à la pression constante de l’innovation et aux longues heures qui caractérisent souvent le secteur de la tech, la flexibilité devient incontournable. Les formules hybrides combinant télétravail et présentiel, les horaires à la carte ou encore le temps partiel permettent de mieux concilier obligations professionnelles et extra-professionnelles.

Beaucoup témoignent que « Le télétravail deux jours par semaine m’a permis de mieux m’occuper de ma famille tout en restant focus sur mes projets »,  ils apprécient « la possibilité d’aménager leurs horaires lorsque leurs enfants sont malades ou pendant les vacances scolaires ».

Cet équilibre tant recherché par les nouvelles générations est un puissant levier de rétention des talents qui doivent composer avec les contraintes de la vie personnelle.

VI. Rémunération et avantages sociaux

La rémunération reste l’un des principaux critères de fidélisation des talents IT, ces derniers étant fortement courtisés. Il est donc essentiel de proposer des salaires et des avantages sociaux alignés sur les standards du secteur, voire au-delà.

En réalisant régulièrement des études de rémunération, les entreprises s’assurent de rester compétitives par rapport aux pratiques du marché en matière de salaires fixes, bonus, stock-options… Il en va de même pour les avantages sociaux (retraite, couverture médicale…).

Au-delà des éléments de rémunération directe, les avantages sociaux sont de plus en plus déterminants dans les décisions de carrière. Des formules d’assurance santé étendues, des congés de maternité/paternité rallongés ou des programmes d’aide aux employés (soutien psychologique, garde d’enfants…) sont très appréciés.

Mettre en place des systèmes d’intéressement et de primes exceptionnelles permet de récompenser l’implication des équipes et de les faire participer aux résultats de l’entreprise. Pour retenir ses talents, les packages de rémunération globale proposés doivent être attractifs et évolutifs, intégrant des mécanismes d’augmentation régulière pour récompenser les contributions exceptionnelles.

VII. Développement professionnel et carrière

Dans un secteur technologique en constante ébullition, la perspective d’une progression professionnelle soutenue est capitale pour retenir les talents. Près de 87% des professionnels de l’IT classent les opportunités d’apprendre et de monter en compétences parmi leurs premiers critères de fidélité envers un employeur.

Pour nourrir cette soif d’apprentissage permanent, les programmes de mentorat permettent de créer des relations entre experts seniors et talents prometteurs au sein de l’organisation. Le coaching individuel ou collectif est également plébiscité pour développer son leadership ou ses soft skills.

Enfin, des perspectives d’évolution de carrière motivantes au sein même de l’entreprise agissent comme de puissants leviers de rétention. Favoriser la mobilité interne en donnant accès à des postes à responsabilité, mettre en avant des role models inspirants ou identifier des talents à haut potentiel sont autant de bonnes pratiques.

VIII. Innovation et technologies

Dans un secteur high-tech en pleine effervescence, les talents sont attirés par la perspective de travailler sur des projets de rupture et des technologies de pointe. Près de 72% des professionnels de l’IT citent l’innovation comme l’une des raisons principales de rester dans une entreprise sur le long terme.

Les organisations se doivent donc d’intégrer les dernières avancées technologiques (intelligence artificielle, internet des objets, quantum computing…) et d’en explorer les applications concrètes. Investir dans la R&D et nouer des partenariats avec des pôles d’innovation (incubateurs, accélérateurs de startups…) devient indispensable pour répondre à cette soif d’innovation des talents.

En impliquant directement les équipes dans des initiatives expérimentales au fort potentiel de disruption, les entreprises renforcent l’engagement. Multiplier les hackathons, libérer du temps pour des projets personnels ou financer des prototypes conçus en interne permet de stimuler la créativité des talents.

IX. Stratégies de rétention efficaces

Des stratégies globales doivent être mises en place pour retenir les talents sur le long terme. Voici quelques exemples de pratiques efficaces adoptées par des entreprises technologiques.

Chez Microsoft, un programme baptisé « High Growth Roundtables » consiste à réunir les managers une fois par trimestre pour discuter des défis liés à la rétention des talents et partager les meilleures pratiques. Ces échanges réguliers permettent d’ajuster en continu les stratégies.

De son côté, Oracle a lancé un programme de fidélisation sur-mesure pour quelque 750 ingénieurs à haut potentiel identifiés comme talents clés. En ciblant spécifiquement les profils les plus convoités, l’entreprise optimise ses efforts.

Mettre en place des « packages » de rétention incluant des responsabilités étendues, l’accès à des projets innovants et des hausses de salaires permet de verrouiller l’engagement sur plusieurs années.

Chez SAP, un programme baptisé « Lifetime Learning » offre aux employés des opportunités de formation certifiante tout au long de leur parcours. En investissant massivement dans la montée en compétences, SAP répond à un critère majeur de rétention.

Encourager un dialogue transparent où les talents peuvent librement exprimer leurs attentes et suggestions d’amélioration crée un climat de confiance propice à la rétention. Des enquêtes de satisfaction régulières et des groupes de discussions sont des outils précieux pour y parvenir.

Que retenir de cet article ?

La rétention des talents dans le domaine technologique représente un enjeu de compétitivité majeur pour les entreprises, qui peinent à retenir leurs équipes stars dans un contexte hautement concurrentiel.

Au fil de cet article, nous avons exploré les principaux défis posés aux organisations en matière de fidélisation des profils convoités de l’IT. Rotation importante du personnel, obsolescence rapide des compétences, concurrence féroce entre employeurs ou besoin d’équilibre travail-vie personnelle… autant de facteurs de désengagement auxquels il faut apporter des réponses.

Heureusement, de nombreuses stratégies proactives permettent de relever ces défis. Qu’il s’agisse de perfectionner son management, d’investir dans la montée en compétences ou encore d’impliquer les collaborateurs dans des projets innovants, les solutions existent pour créer un environnement stimulant et épanouissant.

Ces approches doivent s’inscrire dans le cadre d’une stratégie globale et cohérente déployée sur le long terme. Car la rétention des talents est un travail de tous les instants !

A court terme, un diagnostic approfondi des causes de turnover au sein de chaque entreprise s’impose, avec la participation active des employés dans la recherche de solutions. A plus long terme, nul doute que la rétention des talents restera au cœur des préoccupations des organisations technologiques, au rythme des bouleversements à venir dans l’industrie.

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